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Une vie qui continue dans le bon sens...

Pays du monde

À la recherche de Fujisan...

Photo du rédacteur: Caroline RaffinCaroline Raffin

Dernière mise à jour : 26 déc. 2023


JAPON



Après notre première semaine à Tokyo, qui nous a couté les deux yeux de la tête, nous prenons le TGV nippon, le Shinkansen, pour la première fois et partons pour Shizuoka, ville moyenne située à cent-soixante-quinze kilomètres au Sud de la capitale. A bord, tout n'est que luxe et confort, pensé dans les moindres détails.

Nous avons la sensation de voyager en première classe !



SHIZUOKA :


Première semaine, première synthèse :


Il est évident que nous ne pouvions faire le Japon sans passer voir l'honorable Fujisan et la région Chūbu allait nous offrir le meilleur panorama sur le plus haut volcan de l'île.

Nous nous apercevons très vite que ce pays est difficile à visiter. Aucun moyen de louer un véhicule sans avoir fait traduire notre permis de conduire et, quand bien même, les tarifs pratiqués sont carrément prohibitifs...comme tout le reste d'ailleurs. Ici, c'est comme en occident, c'est le G8 et il y a peu de place pour les gens modestes et les baroudeurs que nous sommes, au porte-feuille peu extensible. Alors on tape dans les économies.


Cependant, il était hors de question de passer à côté de ce pays fascinant. C'est donc décidé, nous n'allons prendre que le côté positif du Japon, ce qui ne nous empêchera pas d'analyser cette civilisation si avancée dans ce troisième millénaire.

Aparté: le Japon s'apprête à quitter le G8 et son FMI pour les BRICS, (info de cette semaine). Surendetté comme 90% des pays européens et n'ayant plus confiance en l'avenir aux côtés de l'oncle Sam, le Japon reprend enfin son destin en main. A bon entendeur !


L'intégralité de nos déplacements se fait en transports en communs. Comme disait Dany Boon : "on fait du BUSSS, du train... et du métro"...

Pour la première fois, nous arrivons dans un hôtel sans personnel et devons nous présenter à une tablette souriante qui photographie nos passeports, puis nous file le code de la boîte dans laquelle nous récupérons la clef de notre chambre. Wouah ! Là, c'est moins cool ! Nous qui aimons tant échanger avec les locaux, nous sentons de suite que la démarche est stoppée nette.

En effet, nous avions déjà remarqué à Tokyo que ,certes, la population est polie et déférente, que les vendeurs mettent tout en oeuvre pour aider le client mais qu'en dehors de ça, le quotidien est très différent.


Les japonais sont réglés comme des robots, sans spontanéité. Nous qui nous délectons de scènes de vie drôles et cocasses, ce n'est pas ici que les rires vont ensoleiller nos journées.

La population ne semble pas verser dans le laisser-aller, tout est fait pour limiter les rapports humains, peu de démonstration de joie et tout est automatisé (ex : rendu de monnaie, robots nettoyeurs, train sans chauffeur etc...). Bien qu'il ne ne soit plus préconisé, le masque est toujours d'actualité même sur les photos de mariés. Les tables des restaurants sont encore pourvues de vitres de séparation entre les convives. Il existe un sens de circulation sur les trottoirs et les files d'attente sur les quais des transports ne souffrent aucune dérogation. Comme qui dirait : "ça marche à la baguette !" Nous avons tout de même croisé une ou deux scènes rigolotes et surprenantes dans ce monde stricte, comme ce mec trimbalant son iguane en laisse alors que les chiens sont promenés dans des poussettes tout confort.                                  

Bref, c'est un univers à découvrir, intéressant par certains côtés, mais pas vraiment fait pour nous, assurément.


Nous commençons à prendre nos habitudes et jetons notre dévolu sur un restaurant sans nom mais propriété d'une compagnie de pêche locale visiblement très populaire dans le quartier...et affichant des prix raisonnables, une fois n'est pas coutume.


Les "sakura" étant toujours en fleurs, les festivals de printemps à Shizuoka battent leur plein. C'est ainsi que lors de notre balade matinale dans le quartier, nous tombons par hasard sur des défilés de danseurs et de musiciens de toutes générations. Nous assistons même à un concert fantastique de "taiko" donné par de multiples formations de jeunes gens bourrés d'énergie dont nous faisons le plein par la même !



VIDÉO :


À la rencontre du Mont Fuji....

Mais nous sommes en premier lieu venus pour le monstre qui dort !

Depuis notre arrivée, le soleil se fait rare et les pluies abondantes. De fait, Fujisan a tiré les rideaux, nous empêchant d'admirer son manteau blanc. Nous tentons cependant une première sortie à Nihondaira, point culminant sur les hauteurs de Shizuoka, des fois que le ciel se dégage au cours des prochaines heures.

Walou ! Le vénérable reste caché derrière ses nuages...


...ce qui nous donne l'occasion de prendre le ropway pour rallier le site du sanctuaire Shinto de Kunōzan Tōshō-Gū. C'est le lieu de sépulture initial du premier shōgun fondateur du Shogunat Tokugawa Leyasu au Japon, et ici, le plus ancien sanctuaire Tōshō-Gū du pays.


Nous découvrons une merveille accrochée à flanc de falaise et dominant le Pacifique.



ATAMI :


Toujours contrains... au train JR, Nous empruntons un tortillard et nous tapons 1h30 de transport pour un trajet de 45 km longeant l'océan Pacifique que nous découvrons réellement ce jour là, sous une pluie battante. Nous arrivons finalement à Atami en limite de la région Kanagawa (région de Tokyo), juste à l'entrée de la péninsule d'Izu.

ATAMI, signifiant "mer chaude" en référence à ses nombreuses sources chaudes ou Onsen, est une station balnéaire très prisée des tokyoites.

Pour la petite histoire, il paraît qu'à Atami les sources ne se tarissent jamais et c'est plus de 32 000 Litres d'eau qui s'écoulent chaque minute de ses sources...tout dépend si on compte les seaux de flotte qui tombent du ciel aujourd'hui ahahah.

Toujours en recherche de prise de hauteur, nous montons par le ropeway au Atamijo, le château. Perché à 160 mètres au dessus de l'océan, le point de vue nous enchante littéralement malgré l'énorme stratus qui s'installe sur cette ville côtière et transforme tout en couleur sépia sur laquelle ressortent les verts et ocres de la forêt et des parapluies des visiteurs.



OBUCHI SASABA :


Fujisan nous fait courir, le bougre. Nous nous levons un matin avec un ciel dégagé et décidons de nous rapprocher du volcan. C'est l'expédition !

Obushi Sasaba est un site niché au pied de la montagne et à 25 km de notre logement. Pour nous y rendre nous prenons le train, le bus, le taxi puis marchons pas moins de 20 mn pour nous rendre dans les fameux champs de thé d'où nous allons peut-être enfin pouvoir le contempler et nous prendre en photo avec.

Ben nan ! En sortant du bus, le vilain vient de se couvrir d'énormes cumulus déclenchés par le réchauffement de l'atmosphère sous l'influence du soleil. A ce moment là, mes cours d'aérologie me reviennent et le souvenir de mes journées passées avec mes potes de planeur sur l'herbe du club de la Roche sur Yon. Là bas, nous passions les matinées à scruter le ciel en attendant le Graal, que "ça déclenche", puis des heures entières à attendre notre tour pour "nous envoyer en l'air".

Mais concernant le Fuji qui, lui, semble agir tel un aspirateur à nuages, il nous serait fort agréable que "les choux-fleurs blancs" restent au placard....ce qui nous permettrait de l'admirer, enfin !

Faute de visibilité, nous déambulons entre les rangées de théiers tirées au cordeau, parmi les plus réputées au monde. Nous avons l'impression d'être retournés à Munnar, au Kerala.



MISHIMA :


On lâche rien ! Nous partons pour une troisième tentative depuis le skywalk à Mishima...

Malheureusement la météo est encore capricieuse aujourd'hui.

Pour compenser, nous nous attardons dans les magnifiques allées des jardins japonais de la cité, encadrées de "Sakura" toujours en fleurs et d'azalées en boutons.


KAWAGUCHIKO :


Puisqu'on ne peut toujours pas l'avoir de face, nous allons le contourner et passer par derrière !

Le trajet est interminable pour rejoindre la petite station de Kawaguchiko très prisée des touristes de tous poils. En effet la vue sur les montagnes y est splendide (les Alpes Japonaise), on sait que Fujisan est là, on le devine mais il continue à jouer à cache-cache.


Toujours "broucouilles", nous prenons le petit train touristique jusqu'à la fameuse pagode de chureito à quelques encablures de Kawaguchiko et là, peut-être que le coquin apparaîtra...


Encore walou ! Bien que nous le devinions de temps à autre à travers de ridicules fenêtres dans une masse nuageuse très localisée, le vieux sage se refuse à nous. C'est l'Arlésienne !

Ce n'est qu'une fois descendus et à 5 mn de reprendre le train qu'il décide de montrer son museau un court instant. Quel spectacle !

Le soir en rentrant à l'hôtel, je découvre un "Messenger" de Jacques, un de mes bons amis du club de planeur. Il n'y a décidément pas de hasard !

Je suis folle de joie d'autant que Steph, un de mes instructeurs, avait lui aussi repris contact quelques jours auparavant.

Au début de ma formation de pilote en 2016, tous deux m'avaient dit : "Tu verras, plus jamais tu ne scruteras le ciel de la même manière !" Ils avaient tant raison...


Dernier jour à Shizuoka, 5h30 du mat....Le soleil vient de se lever, la brise de mer ne souffle pas encore et pas un nuage à l'horizon. C'est maintenant ou jamais !

Nous sautons dans nos fringues, puis dans le premier train et reprenons le chemin de Nihondaira. "Fujisan tiens toi bien, on arrive !" (Fuji Yama n'est qu'un nom donné par erreur d'écriture du japonais).

Nous patientons un peu afin que le soleil lui donne ses plus belles couleurs et que la brume matinale se dissipe. Nous ne pouvons détacher notre regard du colosse qui domine le pays du haut de ses 3 700 m. Le vénérable est majestueux et s'offre enfin à nous !

Tout à notre contemplation, je ne m'aperçois pas tout de suite que j'ai laissé mon portable tout neuf sur le banc de la plateforme d'observation. Soudain, je réalise qu'il a disparu. Je suis atterrée. Je cours vers une employée et devine mon téléphone déjà dans ses mains.

Il venait d'être rapporté par un visiteur. Au Japon, il n'y a que très peu de vols et aucune agression. Ici, on ne prend pas ce qui appartient à autrui, les valeurs sont respectées et l'éducation est en phase avec "le vivre ensemble". Reste à dire que mon étourderie aurait pu me couter très cher sous d'autres latitudes.


Heureux de l'avoir enfin "capturé", nous quittons la région dès le lendemain matin avec Nagoya pour destination.