JAPON
Né des entrailles de la terre, à la jonctions de quatre plaques tectoniques, le Japon doit depuis toujours composer avec la nature et ses fureurs. Tremblements de terre, tsunamis, moussons abondantes, typhons, glissements de terrain et éruptions volcaniques ont jalonné son histoire depuis la nuit des temps. Cependant, son peuple ne s'est jamais avoué vaincu face à l'adversité, même la plus immonde, de celles venues du ciel les 6 et 9 août 1945 ! Mais cette catastrophe là n'était pas naturelle et l'Apocalypse passé, il continua de tuer insidieusement encore des décennies durant....Quand bien même l'horreur avait atteint son paroxysme, détruit, mutilé, brûlé des régions entières et intoxiqué les terres pour des lustres, le pays du soleil levant, là où chaque jour le monde renaît, s'est reconstruit et est devenu ce qu'il aurait dû être dès le début du 20 ème siècle : un des leaders mondiaux et concurrent du colonialisme sur les terres que convoitait déjà l'occident. Nous y voilà donc ! Il fallait éradiquer ce conquérant concurrent qui nous faisait de l'ombre et menaçait l'hégémonie des pays du Nord. Parce que les vraies raisons sont là, Pearl Harbour n'ayant été que la mèche qui a mis le feu au pétard.
Tel un Phoenix, le Japon renaît donc de ses cendres, encore et toujours et totalise à ce jour 80 des 500 plus grands consortiums industriels mondiaux ! Les américains, qui avaient alors pratiqué la stratégie de la terre brûlée pour mieux dominer, n'avaient juste pas intégré que c'est "de la culture sur brûlis que la nature est la plus abondante".
Malheureusement, cinquante ans plus tard, à peine les traces sur Nagasaki et Hiroshima effacées, un tremblement de terre dévastateur de niveau 7,1 détruit essentiellement la ville de Kobe. Le gouvernement promettait de tout reconstruire en 10 ans ; il le fera en 7 ans seulement. Profitant des avancées technologiques antisismiques, Kobe est devenue une des ville les plus sûres au monde en terme d'infrastructures et d'urbanisation.
Une citation japonaise dit en substance : "Tombe sept fois et relève-toi huit fois".
Belle leçon de courage et d'union des forces !
Kobe le 17 janvier 1995
Kobe aujourd'hui :
Notre itinéraire se poursuit toujours plus au Sud et notre voyage entre Osaka et Kobe prend des airs d'expédition. Chargés de nos 54 kg de bagages, nous prenons les tapis roulants des couloirs du métro, les ascenseurs et les "escalators", le train JR, puis marchons jusqu'à notre magnifique hôtel où une suite immense nous est allouée au 12ème étage avec vue sur la ville...Le pied !!!
Harborland :
Je me souviens très bien de ce terrible tremblement de terre de 1995 et des images qui tournaient en boucle à la télé : les ponts effondrés sur les immeubles, les gens hébétés qui erraient dans les rues à la recherche de leurs habitations ou d'une personne disparue. Aujourd'hui nous déambulons le long des quais bordés d'infrastructures et d'aménagements ultra-modernes érigés pour le bien-être exclusif de la population. Ici on y trouve des jardins où s'assoir, des pelouses où pique-niquer en famille, des musées, un aquarium et des animations de plein-air, des magasins et autres lieux de restauration à la portée de toutes les bourses. Cette ville portuaire paisible est coincée entre les montagnes toutes proches et la mer et le manque de place se fait clairement ressentir. Alors, profitant de sa destruction quasi totale de 1995, l'agglomération a été mûrement repensée afin d'apporter encore plus de confort et de plaisir aux habitants, exorcisant ainsi l'horreur des événements par la valorisation "du beau"...une philosophie qui est la nôtre !
Même les lieux les plus escarpés ont été rendus accessibles depuis la ville soit par un réseau de transport en commun soit par funiculaire ou téléphérique. Alors nous décidons de passer la matinée au Mont Rokko dont l'élévation de 930 mètres offre une vue panoramique sur toute la baie, jusqu'à Osaka. C'est d'ici qu'on s'aperçoit qu'il n'existe aucune transition entre le monde urbain et "une nature généreuse" ;-))) .
(Toute subjectivité concernant le Mont Rokko n'est que fortuite, bien sûr !)
Nous terminons cette magnifique journée (glaciale et venteuse) par le "Botanical garden" à la sortie duquel nous découvrons le musée de la boite à musique, une vraie surprise !
Musée de la boîte à musique :
Chinatown :
On n'est pas en Chiiine !!!
L'effervescence du quartier chinois nous enchante : ses couleurs, ses "street-foods" et son architecture ne sont que pur plaisir. La spécialité locale s'expose à chaque devanture de restau. Le fameux boeuf de Kobe exporté dans le monde entier (et dont le prix au kilo dépasse des sommets) est servi partout, à toute heure et à toutes les sauces. Pour nous, ce sera poulet ou poisson, comme d'hab. La viande rouge n'étant pas notre fort.
Un autre jour, nous partons prendre l'air au jardin d'herbes de Nunobiki, sur l'autre versant. Nous accédons au Mont Maya par le téléphérique du haut duquel nous découvrons une forêt dense et des cascades.
Ce joli coin de nature met à l'honneur les plantes médicinales et potagères mais aussi les fleurs anciennes aux senteurs oubliées, autrefois essences précieuses pour la grande parfumerie occidentale et plus particulièrement française. J'y reconnais des noms prestigieux de parfums que ma grand-mère utilisait. Lionel me met sous le nez quelques échantillons au comptoir des senteurs. C'est fou ce que la mémoire des odeurs fait remonter du passé ! Je replonge dans mon enfance et les images me reviennent précisément. La mémoire olfactive est la plus puissante de tous les sens dont nous sommes pourvus.
Nous redescendons à pied le long du torrent qui dévale la montagne.
On ne peut venir au Japon sans honorer la mémoire des dizaines de milliers de victimes de l'atome...et aujourd'hui plus encore alors que des crétins menacent de tout faire péter pour défendre leurs stupides égos et conforter leur hégémonie moribonde.
Notre choix se porte plutôt sur Nagasaki que Hiroshima. En effet, l'île de Kyushu, la région la plus au Sud et la plus découpée, semble receler plus de merveilles que sa grande soeur martyre du Nord-Ouest.
Située à 720 km de Kobe, Nagasaki a toujours été un port stratégique de premier ordre à la fois ouvert sur le Pacifique et naturellement enclavé, ce qui garantit sa protection de tout envahissement par surprise.
Notre trajet Kobe-Nagasaki se fait en Shinkansen et en trois étapes avant d'arriver à bon-port. Ainsi nous découvrons pour la première fois la campagne nippone, agricole et verdoyante, les rizières, les champs fraîchement retournés en attente des semis de blé et des hectares de serres autour de jolies fermes. Après un mois de tourisme urbain, enfin le grand air !
NAGASAKI
De Nagasaki, il ne reste rien, exception faite des anciens ponts de pierre, certainement reconstruits après le cataclysme nucléaire et de quelques pans de murs d'églises catholiques.
Nous sommes bouleversés par cette visite. Que dire devant tant d'horreurs et de souffrances exposées au mémorial, devant ces photos prises sur le vif. Je ne peux retenir mes larmes et Lionel sa colère alors que le spectre de la folie humaine refait surface en Europe, toujours pour les mêmes raisons : la cupidité et l'intérêt de certains !
N'avons nous rien appris depuis 1945 ?
District de Nagasaki
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Malgré la grande destruction, Nagasaki a su garder un "je ne sais quoi", un petit supplément d'âme, un indéfinissable charme (comme chantait France Gall). L'effet rétro de son tram qui passe juste en-dessous de notre hôtel nous régale et nous interroge à la fois...comme si cette ville était restée suspendue entre deux époques, restée dans les couloirs du temps, à la fois irrémédiablement rattachée à son passé et tournée vers son avenir.
Cette photo glaçante du musée serait la plus évocatrice du sentiment qui nous envahit :
le négatif de cet homme, cette silhouette à côté de son échelle, littéralement pulvérisée par le souffle destructeur. Le personnage n'existe plus mais la scène reste imprimée pour l'éternité, comme pour rappeler que l'âme ne meurt jamais.
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Carte interactive ville de Nagasaki
Cette page tragique tournée, nous partons à la découverte de la région. Si on m'avait dit que je visiterais Kyushu un jour ! Henri Salvador l'avait chantée et elle me faisait déjà rêver.
Nous sautons dans le premier bus du matin et rallions Kujukushima et ses 208 îles.
Du petit port de Sasebo, nous partons en balade à travers ce chapelet de terres émergées à bord d'un petit bateau électrique. Sur les quais, nous rencontrons un homme âgé qui, depuis sa retraite, passe son temps sur son bateau Bénéteau à louvoyer à travers cet archipel paradisiaque...
ÎLES DE KUJUKUSHIMA
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HUIS TEN BOSCH
Largement en avance sur l'horaire de retour, nous faisons une halte...en Hollande.
Le Japon adore l'Europe et partout fleurissent des copies de monuments et de villes étrangères que l'on visite à la façon de Disneyland.
Ce parc à thème fut construit en 1992 pour commémorer l'histoire ancienne et riche entre le Japon et les Pays-Bas. On s'y croirait tant la reproduction des bâtiments est fidèle et l'atmosphère parfaitement reproduite. Voilà, voilà ! Pas besoin de retourner en Europe, on a tout sur place.
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UZEN ONSEN
Depuis notre arrivée au Japon, faute d'autonomie nous n'avons à aucun moment pu nous rendre dans un Onsen. Mais de Kyushu, c'est différent ! Notre bus nous mène directement au village de Unzen Onsen de l'autre côté de la grande baie, au sommet de sa péninsule qui n'est autre qu'un volcan endormi. Nous y passons la journée, nous laissant guider à travers bois par les fumeroles qui apparaissent ça et là sur la montagne qui surplombe le village.
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En accord avec la loi, la vidéo ci-dessous a été enregistrée sur Youtube en mode "Interdit aux moins de 18 ans" en raison du caractère violent de certaines images prises au musée de la bombe atomique de Nagasaki ainsi que de celui du film tourné par l'armée américaine lors de l'explosion sur la ville le 9 août 1945.
VIDÉO :
Japon (partie 5)
De retour à Osaka par avion où nous atterrissons sur une île artificielle, nous découvrons l'autre côté de la ville, ses aménagements de dingue et ses aéroports à touche touche...Nous sommes sidérés du nombre d'infrastructures aéroportuaires qui parsème ce pays. Faute de place, la plupart des nouveaux tarmacs sont construits sur des îles artificielles au milieu des baies aux eaux calmes et proches des centres-villes.
C'est donc naturellement que nous quittons une île artificielle pour en rejoindre une autre avant de remettre les pieds sur l'île naturelle qu'est le Japon (on devient fou ;-)))
Nagasaki to Osaka (Kansai airport)
Un dernier petit tour avant de quitter le pays. Comme à notre habitude, nous prenons de la hauteur en nous offrant une dernière vue sur Osaka depuis sa grande roue, une des plus hautes du monde.
D'ici, nous prenons le temps de faire un bref topo de nos 5 semaines nippones.
Pays fascinant que nous avons visité à la meilleure saison, au moment où la nature renaît. Cependant rien n'est adapté aux esprits libres que nous sommes. Dommage ! Il semble qu'il y ait tant à découvrir dans l'arrière pays. Nous comprenons mieux pourquoi le tourisme se résume à des séjours n'excédant pas 3 semaines et à un coût faramineux...D'où les visites guidées au pas de charge et les transports de points A à B sans possibilité d'évasion au delà des sites touristiques conventionnels tracés.
Les japonais semblent pourtant si gentils, mais, alors qu'ils sont parfaitement bilingues, leur réserve maladive bloque tout échange. Nous restons sur notre faim et repartons sans avoir communiqué, sans en connaître plus sur ce peuple docile et déférant.
Une première dans nos voyages !
"Budget Japon" à sec et période humide imminente (moussons), nous reprenons les airs dans 24h vers une autre destination d'Asie.
Nous pensons à vous. Bises de nous deux.
VIDÉO :
Grande roue d'Osaka
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