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Pays du monde

Photo du rédacteurCaroline Raffin

Cambodge : la grande et la petite histoire !

Dernière mise à jour : 5 févr.


CAMBODGE


I

500 jours ! Nous avons quitté le Maroc le 6 juin 2022 avec pour seuls biens nos 4 sacs et sans aucun planning de voyage. L'aventure et rien que cela...

Ce n'est pas pour autant que nous nous sommes coupés de tout. Bien au contraire ! Nous n'avons jamais autant été informés que depuis notre départ et jamais autant été entourés que depuis que nous avons largué les amarres.


Le principal est de rester lucide :

"On peut laisser le passé derrière nous mais, il refera surface un jour, soit comme une menace pour le présent, soit comme une aide pour améliorer notre futur !"

Je ne sais pas qui est ce Varel Tchitembo, expert en citations, mais cette dernière n'a jamais été autant d'actualité, à tout point de vue. Nous vivons dans un monde qui renie son passé, ne vit que l'instant, sans projection d'avenir. On voit le résultat !!!


Le choix du Cambodge, avec pour unique halte Siem Reap, nous est apparu comme une évidence !

Plus grand monument religieux au monde et un des sites les plus vastes de notre planète avec ses 400 hectares de vestiges, l'histoire de la redécouverte d'Angkor ressemble à un roman d'aventure.


D'abord visité par les indiens puis les chinois qui ont laissé des écris dès le 13ème siècle, c'est au tour des missionnaires espagnols et portugais de découvrir cette cité (déjà sur le déclin) alors qu'ils viennent faire des courbettes au roi du Cambodge à la fin du 16ème siècle.


Puis, la cité tombe dans l'oubli durant presque 300 ans, et c'est Henri Mouhot, naturaliste et explorateur français parti à la chasse aux papillons en pleine jungle, qui tombe dessus par hasard en 1860.


Tout ça pour dire que tôt ou tard, tout finit par refaire surface !


Nous apprenons 24h avant de quitter Ho Chi Minh que notre avion atterrit au nouvel aéroport de Siem Reap, situé à 45 km de la ville. Nous avons juste le temps d'organiser un transfert avec notre hôtel afin de ne pas nous retrouver dans la même situation qu'à la gare TGV de Hongliuyuan (Chine)...sans taxi et perdus au milieu de nulle part ;-D


Nous débarquons dans une superbe aérogare à l'architecture calquée sur le modèle des bâtiments religieux locaux, mais encore en chantier et où aucun service n'est en route pour le confort du voyageur : pas de bureau de change, pas d'ATM, pas de connexion wifi et peu de commerces.

En revanche, nous sommes reçus en VIP au service de l'immigration où nous obtenons nos visas en un temps record et avec le sourire.


Les français sont très bien vus au Cambodge. Il faut préciser que le pays est longtemps resté sous protectorat. En son temps, la langue française avait été officialisée et était apprise jusqu'à l'université avant le grand chambardement. La population reste aussi très reconnaissante à l'égard de l'état français d'avoir recueilli un grand nombreux d'entre eux durant l'épisode épouvantable des khmers rouges sous le régime de Pol Pot, personnage sanguinaire qui a fait presque 2 millions de morts parmi les siens entre 1975 et janvier 1979.

Mais sont-ils au courant de ce que la France a fait dans leur dos ? Non... Peu de français non plus, d'ailleurs.


L'état commence dès le début du nouveau régime par livrer aux khmers rouges des personnalités cambodgiennes réfugiées dans l'ambassade de France. Pas reluisant, mais c'est connu !

Puis, à la défaite, c'est en France que le monstre est venu se planquer, à Notre Dame de Riez, plus précisément.

Oui, dans mon village, à l'adresse de l'actuelle casse automobile, route des Essarts.

Comment je sais ça ? Mon père l'a vu descendre du train avec sbires, famille et bagages une matinée d'hiver alors que le monde entier le croyait planqué en Thaïlande, soi-disant à traficoter des bois précieux et des pierres (ben voyons !). Des voitures les attendaient en gare de mon bled. Mon père l'a reconnu et a suivi le convoi jusqu'au site, à 2 km de chez nous.

Très remonté, il était repassé par la maison pour appeler le maire et lui demander des explications.

A la suite de son entretien téléphonique, il a tout raconté à ma mère. J'étais là, cachée dans la chambre à écouter ce récit auquel je ne comprenais pas grand chose à cette époque ! J'entendais des mots durs tels que "assassin", "meurtrier", "génocide", "barbare" et j'en passe ...


Le maire lui avait assuré avoir reçu un simple coup de fil la semaine précédente, lui demandant s'il y avait une possibilité d'hébergement discret sur sa commune pour une personnalité étrangère. Rien de plus. Il y avait bien cette usine dont les projets venaient d'avorter, d'immenses bâtiments de plain-pied cachés derrière de grands murs, en rase campagne. L'eau et l'électricité étaient raccordées. C'était idéal !


Oui mais voilà, mon papa avait vu cette ordure au passage à niveau et ça venait changer la donne. Pol Pot ne resta pas longtemps à Notre Dame de Riez et disparut dans une autre campagne française un autre petit matin du même hiver. Le monstre ne réapparaîtra au Cambodge qu'en 1990.


Où est la morale dans tout ça ?

Comment peut-on d'un côté porter secours à tout un peuple victime d'un génocide, puis cacher son bourreau ?

À quel jeu de dupe la France se livre-t-elle dans les conflits étrangers, pour quelles compensations ?

Au cours de ses 4 années passées en France où il avait étudié ou durant les années terribles au Cambodge, Pol Pot avait-il eu connaissance de faits embarrassants qui lui permettaient de tenir l'état français par le fond de la culotte et ainsi obtenir cette aide en retour ? Condamné par contumas et activement recherché par le nouveau régime, comment avait-il fait pour arriver en France si facilement si ce n'est par le truchement d'une aide extérieure, d'une extraction ?

Pour mon père, il y avait eu forcément trahison !


Vous en apprenez un peu plus à chacun de mes récits sur mon écœurement. L'Afrique, l'Indochine, Madagascar et toutes les anciennes colonies et protectorats ont tous une histoire bien différente du narratif officiel que les récits des anciens (militaires ou autochtones), le soir dans les maisons de bourgs, viennent mettre à mal.

Leurs enfants ont de la mémoire aussi !

Bref...

Le passé resurgit toujours, tel Angkor que l'on croyait disparue à jamais.

Il est mal venu de croire que l'histoire appartient au passé, car les nouvelles générations à travers le monde demandent des comptes, de plus en plus. C'est en voyageant que l'on touche au plus sensible, au réel et qu'on recolle les morceaux. Je dirais qu'il est criminel de cacher les actions controversées des gouvernements d'autrefois car ce sont les générations actuelles qui risquent d'en payer l'addition sans connaître la vérité, ou trop tard.


Chercher à comprendre, justement, ce n'est pas désobéir (vs article sur Madagascar). Au contraire, c'est permettre de construire un avenir meilleur.


C'est Luan qui passe nous chercher à bord de la voiture de l'hôtel. Nous sommes ses premiers clients de l'établissement auprès duquel il vient d'être embauché et les premiers pris en charge depuis que l'aéroport est en service.

Alors, nous allons lui porter bonheur, c'est sûr !



Notre nouvelle"maison"est splendide. Ayant pris l'habitude de nous déplacer en scooters, nous choisissons depuis quelques temps des hébergements retirés des grands centres touristiques, offrant ainsi des opportunités plus intéressantes, plus confortables, plus luxueuses et à des prix défiant toute concurrence.


Nous découvrons Siem Reap dont seul le centre nous attire vraiment. Construites de part et d'autre de la rivière, de vieilles maisons coloniales aux couleurs vives attirent nos regards de photographes amateurs. Nous nous attardons au marché couvert, au temple d'or et nous imprégnons de la vie locale dans les commerces de rue. Les gens sont adorables, prévenants, et, alors qu'on nous avait mis en garde sur leur esprit filou, nous avons payé les bons prix partout. Comme quoi...

Pour la petite histoire, le nom fut donné à la ville après une dure bataille ayant opposé les khmers aux armées de Siam (actuelle Thaïlande), Siem Reap signifiant "siamois terrassés".


Nous nous mettons d'accord avec la réception de l'hôtel dès le jour de notre arrivée pour l'organisation de 3 demi-journées de visite et exigeons d'être accompagnés de Luan.

Nous n'allons pas le regretter !



Nous commençons notre découverte d'Angkor par le grand parcours et la visite de 5 temples, tous très différents les uns des autres. L'émotion est très forte, d'autant que, partis tôt pour l'ouverture des sites, nous passons cette première matinée quasiment seuls, en explorateurs privilégiés, presque dans la peau de Henri Mouhot. Tout est si calme. Le soleil encore doux commence à chauffer la terre gorgée d'eau et une petite brume de vapeur envahit les lieux...fantasmagorique !

Lionel et moi jouons à cache-cache entre les ruines, découvrons à chaque détour de superbes sculptures, silhouettes de femmes ou de déesses, d'éléphants, de bouddhas de toutes tailles, de visages inquiétants ou d'animaux fabuleux et des frises inspirées de la mythologie indienne.

Tant de beautés sorties du fond des âges qui se dévoilent sous nos yeux...tout n'est que délicatesse. Nous sommes émerveillés !


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Le jour suivant promet son lot de magie aussi. Debout à 3h du mat, nous nous préparons pour arriver dès les premières lueurs du jour à Angkor Wat, le site le plus visiter au monde.

Nous franchissons le pont flottant à la lumière de nos portables, nous attardons 3 minutes devant le bouddha éclairé dans l'alcôve droite de la muraille d'entrée, puis pénétrons dans les jardins gigantesques au moment où le ciel rosit derrière le temple, juste avant que l'astre n'embrase l'horizon. Les visiteurs arrivent par petits groupes, le silence est total. Tous s'installent face tournée vers cette lumière divine qui ne tarde pas à nimber le site de couleur or. Wouah !


Puis nous commençons notre exploration, suivis d'une dizaine de personnes, tout au plus. Bien vite nous nous retrouvons seuls à admirer ces célèbres pierres, les immortaliser afin de les partager avec vous à travers ce blog.

Nous quittons Angkor Wat en retraversant ses jardins où un joli jeune couple pose devant ses photographes. Il n'y a presque personne !

Hormis en Chine (exception faite de la grande muraille), au Japon et en Inde où le tourisme local fonctionne à plein régime, partout où nous sommes passés depuis 500 jours ( les plus célèbres sites, les plages, les parcs, la baie d'Ha Long, la Mongolie, les pyramides et le Nil, Zanzibar, le Kerala et les Backwater...), nous étions à des années-lumière de l'affluence décrite sur les blogs de voyages.

Un de mes bons amis m'en a d'ailleurs dernièrement fait la remarque avec humour :

- "Ils sont où les autres ? Vous les avez éliminés ?"

Non Lolo, on ne leur a rien fait ! Il faut se rendre à l'évidence que le tourisme occidental est quasi inexistant ! On ne comprend pas ce qui se passe...il n'y a personne le matin et il fait trop chaud pour eux en après-midi : CQFD.



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Puis, Luan nous emmène à Angkor Thom, l'antique ville royale khmer située à quelques kilomètres plus au Nord. Cité construite par le roi bouddhiste Jayavarman VII entre la fin du 12 ème et le début du 13ème siècle, elle est dominée par le Bayon temple, colosse de pierre qui nous laisse sans voix. Ce sont tout d'abord ces dizaines de visages de Bouddhas, sculptés sur les parois du monumental édifice, qui semblent nous suivre du regard. Puis, nous nous perdons dans un dédale de couloirs exigus qui séparent autant de petits temples ou de petites pièces. Nous y croisons plusieurs moines venus prier et qui acceptent que nous les filmions. Nous continuons notre découverte, toujours seuls au milieu de ce labyrinthe de pierre et de sculptures envoutantes.

Nous sommes définitivement conquis ! Pour nous, Bayon est bien plus représentatif de ce que nous imaginions de ce gigantesque site antique. Il est, certes, moins bien rénové que son prestigieux voisin, mais plus authentique.

Nous quittons à regret ces vestiges en traversant une des 5 portes de la cité, Victory Gate, surplombée d'un bouddha qui veille en gardien sur l'histoire de cette prestigieuse civilisation.



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Nous terminons cette deuxième matinée en apothéose avec la visite de que les cambodgiens surnomment "Tomb Raider Temple", site choisi par le réalisateur du film Tomb Raider avec Angelina Jolie.

Le Ta Prohm temple est définitivement notre préféré. Partiellement restauré, il a gardé son aspect de "ruine mystérieuse" au milieu d'une nature exubérante et de laquelle se dégage une puissance phénoménale, presque inquiétante. Les racines monumentales des fromagers qui ont envahi les murs au cours des siècles semblent couver les lieux, tant elles s'intègrent parfaitement dans le décor. Ce n'est pas par hasard si Simon West a choisi ce site pour créer parfaitement l'atmosphère de son chef d'oeuvre du 7ème art.

Une pure merveille !



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Après tant d'émotions, nous nous offrons une dernière matinée en plein-air au lac Tonle Sap, la plus grande réserve d'eau douce d'Asie du Sud-Est. Nous partons de bon matin, toujours en compagnie de notre charmant et attentionné Luan...mais cette fois, à bord de son tuk-tuk 4 places. Nous prenons la direction de son village natal où il s'arrête embrasser sa maman et saluer la famille. Nous sommes invités à descendre et autorisés à déambuler le long de l'unique chemin de terre rouge qui longe les habitations de pêcheurs. Quel privilège !

Puis nous montons à bord d'un "long tail", embarcation longiligne dont le moteur surpuissant nous colle littéralement aux sièges dès la mise en route. Fou-rire assuré !

Après quelques minutes, nous arrivons enfin au village flottant que notre batelier nous fait traverser au pas. Nous avons ainsi le temps de nous imprégner de cette vie différente et d'admirer les maisons haut-perchées, leur permettant d'échapper aux crues du grand lac. Les villageois semblent ne manquer de rien. Ils disposent d'une clinique, d'épiceries, d'ateliers de mécanique, d'un poste de police, de cafés et de restaurants pour les touristes, de lieux de cultes, le tout juché entre 7 et 9 mètres de haut. Luan nous explique qu'à la saison sèche, entre mars et avril, le lac se retire, laissant les habitations comme en suspend au-dessus d'un tapis de boue séchée.

Les petits restaurants installés sur des radeaux le long du canal qui mène au lac déplacent leurs barges jusqu'aux nouvelles rives. Toute une vie au fil de l'eau. Epatant !


Sur le chemin du retour, Luan nous raconte l'histoire de son papa. Enfant soldat enrôlé de force sous le régime de Pol Pot, il fut obligé par les khmers rouges de tuer père et mère faute de quoi, c'est lui qui aurait été assassiné. Toutes les familles cambodgiennes racontent la même histoire, marquant de son horreur la population pour des générations.


Le Cambodge ne se remet que très lentement de son lourd passé et le tourisme reste très canalisé par mesure de sécurité. En effet, des mines anti-personnelles explosent encore accidentellement et mutilent régulièrement des villageois. Nous avons croisé bon nombre de personnes encore jeunes à qui il manquait une jambe. Pour visiter ce beau pays, préférez les villes en général et si d'aventure vous souhaitiez vous "égarer" hors des sentiers battus, soyez accompagnés d'un guide local.



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Depuis, nous avons pris un vol pour la Thaïlande où nous profitons actuellement des plages de sable fin et du soleil avant de retrouver notre Sylvette au Laos d'ici quelques jours.

Nous attendions ça depuis si longtemps !

On vous embrasse tous bien fort,

Les Carolios



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VIDÉO :

Angkor - Siem Reap



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