Sénégal
Nous sommes le 1er février 2022 et le Maroc est prévu rouvrir dans 6 jours... pas pour nous ! Et comble de tout, note visa expire dans une semaine.
J'ai alors l'idée de passer à l'aéroport pour demander aux autorités comment nous pouvons le prolonger.
L'accueil est sympathique. On nous emmène dans les bureaux de la douane puis on nous dirige vers un comptoir où un gros fonctionnaire à l'air suffisant entreprend de nous expliquer les choses:
Tout en agitant son tampon sous notre nez, il confirme être apte à prolonger notre visa mais que, bien évidemment, ça a un cout. Il faut lui donner l'équivalent du montant de nos billets retour, soit 600 euros.
Nous gardons nos réflexions pour nous puis lui faisons croire que nous n'avons pas cette somme sur nous et que nous allons repasser le lendemain. C'est alors que le jeune douanier qui nous avait amené jusque là se colle à nous. Le regard des deux hommes a changé. Il leur faut au moins un billet pour les dédommager du renseignement.
Je sors un billet de 10 000 CFA ( 15 € ) puis on s'extirpe bien vite du traquenard.
De retour à la voiture nous éclatons de rire. C'est ça l'Afrique ! Cependant, ça ne résolvait pas notre problème. Lionel prend la décision de quitter Popenguine pour rallier la Gambie, seule frontière terrestre à peu près sécurisée où un simple A/R dans la journée nous permettrait de récupérer le précieux sésame.
Nous quittons la "Pirogue" le 6 au petit jour afin de parcourir les 400 km à la fraîche. Nous avons rendez vous au poste frontière avant midi avec un jeune type dont nous ne connaissons que le nom et le métier, pas de numéro de téléphone et sans savoir où le trouver dans la ville.
A l'entrée du bled, nous sommes contrôlés par "la volante" puis Lionel ose demander au pandore s'il connait Idi, le garagiste.
"Oui, c'est même lui qui répare tous nos véhicules! Tu vas jusqu'à la gare routière et là, tu demandes".
Yallah, On y va !
On trouve le mec qui, de suite, il se rend dispo et nous charge à bord de sa voiture, direction le poste frontière.
Idi nous fait passer devant tout le monde puis nous emmène dans le bureau du chef pour faire tamponner les passeports. Le backchich est prêt !
Le douanier palabre avec notre contact et Lionel sent que ça se met mal. Soudain le fonctionnaire s'adresse à nous:
"Vous n'êtes plus en règle. Le visa est dépassé"
"Non, lui répondis-je. C'est dans deux jours".
Pris en défaut, le bonhomme se fait menaçant et nous invective, nous humilie en y prenant un plaisir non feint:
"Vous n'avez pas le droit de faire ça, retourner chez vous, on ne veux pas des français ici. Allez , oust, dehors !"
Idi tente de le calmer et nous rejoint dans le couloir où nous nous sommes réfugiés.
"Il veut 50 000 CFA ( 76 € ). C'est le prix à payer de ce côté de la frontière".
Nous n'avions pas prévu autant mais il nous faut cette saleté de tampon.
Puis nous traversons la placette qui nous mène en Gambie.
Là, l'ambiance est nettement plus cool et le patron des douanes nous donne sans sourciller ce que nous sommes venus chercher. Tarif: 40 000 CFA ( 60 € )
Retour chez le gros sénégalais pour le dernier tampon puis basta.
Ça, c'est fait ! Maintenant, on ne sait pas encore quand et comment nous allons pouvoir rentrer chez nous.
Nous sommes fatigués, épuisés nerveusement après cet énième épisode où chacun nous a craché son venin à la figure avant de nous racketter.
Le toubab est très mal vu et le sentiment de haine qu'ils nourrissent vis à vis des français n'est pas une fable. C'est terrifiant !
En revanche, rien de tel concernant la communauté belge. Eux semblent même adulés, bénis des dieux.
Mais que s'est-il donc réellement passé en Afrique CFA pour en arriver là ?
Frontière Sénégal/Gambie à Karang
Nous décidons de nous arrêter un peu plus loin dans un bel hôtel au bord du fleuve histoire de retrouver nos esprits.