INDE
(Rajasthan)
Le Rajasthan (en hindi : « pays des rois ») est un état du Nord-Ouest de l'Inde
Cf : situation carte ci-dessous :
Ville d'Udaipur :
Sur tous les supports numériques, partout nous avons lu les conseils des voyageurs et fans de l'Inde : "il faut commencer la visite du pays par le Sud." Oui mais, comme à notre habitude, nous n'en avons fait qu'à notre tête ! Certes nous avons ressorti les pulls et jeans de nos sacs mais les températures se réchauffent considérablement dès 10h à cette période de l'année. Et puis, il y a cette mise en garde de tout un chacun sur le "syndrome de l'Inde". Huit occidentaux sur dix semblent perdre pied après quelques temps sur le territoire : perte de repères, exaltation intense débouchant sur des crises d'angoisse et de délire.
Ah bon ? Analysant le "risque" d'un état psychologique potentiellement chamboulé dès les premières semaines, nous en arrivons à cette conclusion : pour nous, rien de changé.
Partout où nous allons, nous avons l'impression d'être chez nous, au Maroc.
Nous faisons nos courses dans les petites épiceries, nous sollicitons les compétences de la couturière du quartier, nous prenons notre thé Chai sur le banc d'un marchand installé au bord de la route et rigolons avec lui. Le bruit est certes très prégnant, mais c'était déjà le cas à Marrakech. Les coups de klaxons intempestifs sont légion, la circulation intra-muros est intense mais cependant respectueuse et ce joyeux bazar nous ravi. Force est de constater que ce passage en Inde n'est qu'une piqûre de rappel..."C'est comme là-bas dis !"
Avant de quitter la côte, nous sommes passés à l'office de tourisme et avons pris un "forfait voyage" valable un an. Ainsi, nous nous libérons l'esprit de toute contrainte quant à la planification de nos déplacements inter-cités. Un simple message à notre contact, et il nous trouve les billets de trains ou de bus dans les 24h.
C'est ainsi que notre tuk-tuk nous dépose au bord de l'autoroute de la banlieue de Bombay où nous attendons plus d'une heure avec nos valises l'arrivée de notre transport. Nous sautons à bord d'un splendide bus-couchettes ce 29 novembre 2022 au soir pour rallier en 15h Udaipur, la Venise du Rajasthan. Le confort offert est surprenant et l'organisation irréprochable.
Arrivés à destination, nous rejoignons notre maison d'hôtes située en plein coeur du quartier historique à quelques dizaines de mètres du grand lac de la ville que nous surplombons du haut du top-roof de ce riad à l'indienne tenue par une famille adorable. Encore une fois, dépaysement : wallou !
Nukkad Guest House :
Nous commençons par notre traditionnel ravitaillement dans notre quartier et faisons la connaissance des commerçants qui, bien vite nous intègrent, comme de coutume. Les sourires sont charmants et nombreux sont ceux qui demandent à se photographier avec nous. Puis nous partons à la découverte de cette ville romantique en commençant par les bords du plan d'eau, ses ponts piétonniers, ses magnifiques demeures et résidences royales transformées en maisons d'hôtes et hôtels de luxes ou en musées. Le patrimoine est parfaitement maintenu avec pour maître mot : "Notre héritage est notre gloire". En voilà qui ont bien compris qu'un peuple qui ignore ou renie son passé n'a aucun avenir. Pas eux !
Udaipur : La Venise de l'Inde :
Un peu d'histoire :
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Nous nous égarons loin de la ville en recherche de ce que nous croyons être un temple dont les photos ont de suite éveillé notre curiosité. Notre tuk-tuk nous largue au mauvais endroit ce qui nous oblige à faire le tour d'une propriété parfaitement gardée par de soupçonneux vigiles. Nous nous approchons de l'un d'eux et, à notre grande surprise, celui-ci nous accorde une visite informelle moyennant 50 roupies qu'il va bien vite planquer au fond de sa poche. Le graal ! Nous sommes seuls à déambuler au milieu d'un cimetière royal comprenant plus de 250 tombeaux, tous plus majestueux les uns que les autres. Les cénotaphes d'Ahar enferment 19 maharajas et les membres de leurs familles incinérés au cours de ces 350 dernières années. Ce trésor caché s'est ouvert à nous pour notre plus grand plaisir.
Outre les parcs et autres espaces verts qu'offre cette ville tranquille, notre séjour est rythmé par les balades en bateau sur les lacs, les visites de temples dominant cette plaine encaissée entre les pitons rocheux qui la bordent, les mariages colorés en plein milieu de semaine (et selon le calendrier lunaire en phase montante) et puis nos déjeuner en amoureux dans de beaux établissements ou dans de simples gargotes où la cuisine est tout simplement succulente ! Les épices flattent notre palais déjà formaté par les recettes marocaines. Que de saveurs et surtout que de fraicheur. Ici, les viandes ne nous manquent nullement et, la plupart du temps, ce sont les plats végétariens que nous préférons, tout aussi consistants mais plus faciles à digérer. Un grand changement de notre alimentation s'opère, tout comme l'abandon de ma traditionnelle bière du midi que j'ai lâchée depuis notre arrivée en Inde. Eh oui, même ça c'est fini...
Autre chose : Dans notre premier article, nous vous faisions part d'une pauvreté plutôt discrète dans la capitale économique. Après avoir quitté la tentaculaire Mumbai et déménagé à "la campagne", dans cette petite bourgade de Udaipur (600 000 âmes) où nous avons logés dans ce que nous pouvons décrire comme "une Médina", nous confirmons que certes la population ne roule pas sur l'or mais personne ne manque de rien...du moins le superflu n'est pas de mise. Il ne faut pas confondre pauvreté et misère. Chacun a un toit, est bien nourri et nous n'avons croisé aucun enfant des rues, mendiant le bout de pain qui le ferait tenir la journée. De temps en temps, aux abords de hauts lieux touristiques, comme dans tout pays, une maman avec son bébé tend effectivement la main. Mais ceci reste quant à présent très rare.
Nous avons traversé les campagnes dernièrement, rien de pire qu'au Maroc ou à Mada où nous avons croisé la misère. Comme partout sur ces territoires de sécheresse, l'agriculture est dépendante des pluies saisonnières et ici comme au Maghreb, sans eau venue du ciel, les récoltes sont juste suffisantes pour assurer la nourriture de l'année. Sans surplus, il est évident que les revenus annexes sont inexistants.
Fort de ce constat, que dire ? Les français ont de quoi se payer une multitude d'esclaves technologiques énergivores, mais sans électricité comment les utiliser ? Pardonnez ce mauvais parallèle mais c'est apparemment un thème d'actualité sous les latitudes européennes, ce qui nous attriste terriblement. La question fondamentale est la suivante : où placer le curseur entre le superflu et ce qui est vital, surtout lorsque ce dernier vient à manquer alors que les placards débordent de l'autre, inutile au final ?
Quelle misère !
Nous continuons notre route vers Jodhpur, la bleue ! les similitudes avec Chefchaouen au Maroc sont flagrantes, les riches peintures murales en plus. Nous déambulons ébahis et nous nous perdons dans ce dédale de ruelles qui nous mène chez une notable de la ville, juste en dessous du fort Mehrangarh. Nous prenons le temps d'une discussion devant un thé et parlons politique, économie et traditions. Elle prépare un voyage au Maroc alors l'occasion est trop belle pour échanger sur notre pays. En descendant, nous remarquons de plus en plus souvent le regard insistant et les coups de coude des gens que nous croisons.
Y aurait-il si peu de touristes pour susciter autant de curiosité ou bien nous prennent-ils pour des célébrités, surtout à l'endroit de Lionel ? C'est étrange ! En fouillant sur internet, il se pourrait qu'ils le prennent pour un fameux champion anglais de cricket, Paul Collingwood. A mon sens, la ressemblance est toute relative, mais la barbichette pourrait effectivement y aider !
La ville bleue :
Le Mehrangarh Fort :
Après une longue visite de la forteresse (puis nous être essayés à la tyrolienne du haut des remparts), nous ne pouvions faire l'impasse sur celle du temple Jaswant Thada alors que nous passions devant pour redescendre. Lui aussi juché sur le plateau rocheux dominant la ville, cette dentelle de marbre blanc est une invitation à la méditation et à la contemplation. Aucune description ne saurait égaler photos et vidéo tant les mots nous manquent à la décrire.
Jaswant Thada Temple :
De notre auberge, nous organisons une virée vers le fort de Kumbhalgarh et ses 36 km de fortifications (les secondes plus grandes au monde après la muraille de Chine) et le plus beau des temples du pays, Ranakpur Jain Temple (photos à suivre...) Nous sommes accompagnés par deux anges gardiens qui nous offrent un traitement VIP...sans rire !
Un peu d'histoire :
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En route, nous nous arrêtons à Om Banna, un temple érigé à la mémoire d'un motard tué voici une trentaine d'années (cf histoire via ce lien), halte incontournable pour les professionnels du volant : une sorte de "Notre Dame de la route" façon indienne où nous déposons une offrande et brûlons des bâtons d'encens afin de nous attirer les faveurs des Dieux Hindous dans la suite de notre périple ! Et puis j'ai une pensée émue pour mon Phil, disparu lui aussi voici bientôt 40 ans dans les mêmes circonstances. Il n'y a pas de hasard ...
Toujours en cours de route, lors de la traditionnelle halte thé, Lionel est initié à la fabrication du Chai dans une gargote au milieu de la pampa et scrupuleusement épié par la "mafia de la route", nos amies les vaches.
Afin de meubler la conversation au cours de ces interminables heures de voyage, nos deux guides nous racontes des anecdotes drôles et pleines de philosophie.
"Un jour, le Maharaja Jai Singh D'Alwar, habillé en civil, se pointe à la concession Rolls Royce, souhaitant acquérir une de ces prestigieuses voitures pour son usage personnel. L'employé qui le reçoit ne pouvant deviner qui est ce client modestement vêtu, refuse de la lui vendre, prétextant ne négocier qu'avec les gens hyper riches et les hauts dignitaires enturbannés de la contrée.
Vexé de cette humiliation suprême, le notable n'en restera pas là. Il diligente son ministre pour l'achat de six modèles de la prestigieuse marque et les fait livrer à la municipalité d'Alwar avec pour consigne de s'en servir pour le ramassage des ordures ménagères.
Horrifié par la tournure que venait de prendre la bévue de son employé, le directeur de Rolls Royce, honteux et venant de comprendre la leçon magistrale que venait de lui infliger le prestigieux personnage, s'empressa de reprendre contact avec le prince. Implorant son pardon et souhaitant au plus vite rétablir la notoriété entachée de la compagnie, le directeur offrit les six véhicules au Maharaja.
Lien vers Garbage collection: une belle leçon de vie !
Kumbhalgarh Fort :
Ranakpur Temple :
Partout où nous passons, le Maroc et son équipe de foot sont encensés et la combativité des Lions de l'Atlas fait l'unanimité chez les indiens. Nous sommes félicités et les résultats de la coupe du monde sont suivis de prêts par notre entourage local. Lionel a trouvé un lien gratuit via une TV Belge auprès de laquelle il s'est abonné et qui nous permet de suivre tout le déroulé du championnat. Aucun rendez-vous n'est manqué, même s'il faut mettre le réveil pour visionner les matchs retransmis à plus de minuit ici. Outre le jeu, ce sont les commentaires de nos deux "journaleux" au fort accent et aux expressions wallonnes presque caricaturales qui nous "tirbouchonnent". Les "coups de coin", les "coups de pied de but" et autres "cartes jaunes" nous font hurler de rire, tout comme l'autodérision dont ils font preuve concernant l'élimination de leurs Diables Rouges.
Décidément, l'Inde tient toutes ces promesses et mieux encore, même à travers le sport qui se joue à des milliers de kilomètres...La vie est si belle !
Nous pensons bien à vous.
VIDÉO : Udaipur-Jodhpur :
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