INDE
De Jaipur, nous prenons un taxi pour Agra située à environ 250 km à l'Est, un simple aller/retour sur 36 heures, histoire de ne pas repartir de la région sans avoir visité une des sept merveilles du monde :
Le Taj Mahal !
Depuis le 1er janvier 2023, les températures ont considérablement baissé et un brouillard matinal s'installe sur tout l'état et au-delà, ne laissant timidement apparaitre le soleil qu'en milieu d'après-midi.
Nous arrivons en milieu de journée dans notre hébergement situé à 50 m de l'entrée de l'édifice et commençons par une première incursion dans les jardins bondés de monde...c'est rien de le dire !
A l'entrée, leur protocole à l'européenne pour pénétrer l'enceinte entraine des files d'attente monstrueuses, effarantes. Les jetons que l'accueil nous avait confié pour trois heures de visite ne nous sont, par erreur, pas rendu par la sécurité et nous n'allons pas tarder à rester bloqués à la sortie, invectivés et menacés de payer de nouveau les passes que nous n'avons plus.
Du grand Mendes !
Bref, malgré la brume persistante, nous découvrons un parc tiré au cordeau et d'une propreté impeccable. Les perspectives sont étudiées et mettent le colosse de marbre blanc en valeur. Cependant, il nous est impossible de prendre le moindre cliché sans une silhouette à traverser devant l'objectif. Alors nous optons pour une visite aux aurores dès le lendemain.
Lèves tôt que nous sommes, c'est dès 6h que nous nous pointons au guichet et, déjà briefés sur les embûches subies la veille, nous arrivons les premiers dans le parc, vide de toute présence humaine.
Il est là, rien qu'à nous, nimbé de brume que le petit jour colore de bleu. L'instant est magique !
De retour à Jaipur, nous préparons notre départ pour Kesh mais pas Marra, non, non !
Rishikesh, plus au Nord du pays. Au moment de quitter nos hôtes, ces derniers nous offrent de magnifiques cadeaux personnalisés en remerciements de notre long séjour parmi eux. Nous sommes touchés !
La grande bourgade de Rishikesh est une incontournable place d'enseignement du yoga et mondialement connue pour ses ashrams (ermitages). Cependant, ce n'est pas ce que nous cherchons particulièrement dans cette nouvelle destination. Seul le côté nature nous attire vraiment et le mythique fleuve Gange en particulier.
Ici, sur les contreforts de l'Himalaya, tout est vert et luxuriant. Dans la vallée où nous logeons, à 1 400 m d'altitude, les matinées et soirées sont glaciales mais dès que le soleil se pointe, la douce chaleur nous oblige à quitter les manteaux. Les bananiers et les palmiers flirtent avec les feuillus et les verveines arbustives en fleurs, poussant les pieds dans l'eau des torrents aux eaux cristallines. Notre cottage est un havre de paix tenu par un jeune yogi, Ram ! Nous perdons rapidement la notion du temps et nous laissons bercer par l'ambiance zen des lieux. Nos journées sont rythmées de longues marches en montagne ou vers la ville située à 5 km.
Nous sommes conviés une fin d'après-midi à l'anniversaire d'une des membres de l'association "Shiv Shakti Yogpeeth Cottage". Tout en partageant le gâteau et le thé Masala, nous échangeons sur nos parcours respectifs et la philosophie qui anime tout un chacun. De nouveau, la ressemblance de Lionel avec un certain personnage revient sur la table et, ENFIN, le mystère est percé. Les femmes sont unanimes : mon homme est le sosie de Rahul Bose, acteur fétiche Bollywoodien (et non pas Paul Collingwood comme initialement soupçonné).
Le fou-rire me prend, irrépressible, en repensant à une célèbre BD loufoque des années 90 : Raoul (papa poule) et sa poule ! La poule...c'est moi ahahahah
Le lendemain matin, une équipe de célèbres blogueurs réalise un film pour l'établissement et nous sommes interviewés au cours de notre petit-déjeuner. Le documentaire est en ligne depuis trois jours, à destination de leurs 23 millions d'abonnés. Quel honneur d'y avoir participé !
Puis, n'ayant plus que deux journées à consacrer à la découverte de la ville, nous profitons de la réapparition du soleil pour nous perdre sur l'autre rive du Gange. Des dizaines de rafteurs descendent les eaux bouillonnantes du grand serpent bleu/vert. Car, oui, selon la lumière et l'heure de la journée, il varie de la couleur Saphir à Emeraude.
Nous descendons à la plage de galet qui tapisse un des méandres du fleuve. Lionel s'y trempe, pour s'y purifier....mais juste les orteils. Puis, en aval, nous assistons à la préparation d'une crémation à même la rive où une cohorte de convives entasse planches et rondins en vue d'en faire un grand brasier. La scène est émouvante !
Notre avant-dernière journée est consacrée à notre ultime rando en montagne au cours de laquelle nous découvrons des jardins en terrasses et des marmites d'eau claire au bord desquelles nous pique-niquons et savourons le silence que seuls le chant des oiseaux et les cavalcades des singes gris viennent troubler.
La veille de nous quitter, Ram nous emmène au temple de Kunjapuri-Mata perché à 1 600 m sur un piton rocheux, une des 52 haltes de Shiva à travers le pays. Nous assistons alors au lever du soleil sur la chaine himalayenne enneigée, là-bas à 150 km à l'Est. Nous sommes hypnotisés par les plus hauts sommets du monde qui se dévoilent, immaculés et chapeautés de gigantesques lenticulaires en formation. Ça doit souffler dur là-haut ! De l'autre côté, c'est la vallée de Rishikesh, noyée sous une mer de nuage. L'instant est purement mystique.
D'ailleurs, au retour, nous nous arrêterons sur les ghats au bord du Gange afin que notre hôte communie avec le grand fleuve sacré.
Il est 9h et l'eau n'est qu'à 6 ou 7°C. La ville a totalement disparu dans la brume, tout est couleur sépia. Nous regardons l'homme s'enfoncer doucement dans les ondes du Gange et sommes tétanisés à l'idée qu'il puisse faire une hypothermie. La lumière autour de nous donne aux lieux une ambiance surréaliste, là aussi. Tout est métallique et le temps semble s'être arrêté. Ram reste dans l'eau une bonne quinzaine de minutes, en pleine médiation. Tout en se rhabillant, il nous confiera ne pas sentir la morsure du froid tant il est en parfaite osmose avec mère nature. Il se sent protégé, comme dans le ventre de sa mère.