INDE
Rajasthan
Adieu Jaisalmer et route vers Pushkar en bus de nuit. Quel confort ! Nous arrivons aux aurores dans cette petite bourgade ultra religieuse, haut lieu des Baba-cools des années 70 et autres adeptes de la "fumette". D'ailleurs, nous n'avons qu'à regarder autour de nous : certains n'ont plus quitté la contrée depuis leur installation voici une cinquantaine d'années, des éléphants roses pleins les yeux. MDR.
Après nous être installés dans un logement très loin de nos attentes, nous partons à la découverte du lac sacré et parcourons les ruelles étroites, tantôt encombrées de vaches, tantôt théâtre de rodéos urbains entre motards usant à qui mieux mieux du klaxon à défaut du câble de frein de leurs engins poussés à fond les ballons. Là aussi, des situations qui éveillent notre bonne humeur.
Que dire de Pushkar ? Eh bien pas grand chose en particulier hormis ces jolis pitons rocheux que nous escaladons ou grimpons en "ropway" afin de contempler un paysage fort agréable.
Mentionnons tout de même un épisode choquant, le premier, alors que nous avions payé l'aller/retour en téléphérique dont nous n'avons utilisé que la montée. En effet, la descente à pied nous invitant à la contemplation de cette plaine immense, nous décidons d'offrir nos tickets retour ( non nominatifs ) à un couple de personnes âgées que nous avions vu grimper les marches avec beaucoup de difficultés. Quelle ne fut pas la mauvaise surprise de nous voir refusés ce don par le personnel du "ropway". Une honte alors qu'au Maroc, une telle offre serait de suite acceptée et en prime, on nous aurait invité au couscous.
Les matinées sont glaciales ( 5°C tout au plus ) mais les après-midis affichent des températures plutôt douces pour cette période hivernale. Alors nous déjeunons en terrasse ou côté jardin de jolis mais modestes établissements dont la cuisine est à tomber par terre. Un peu frustrés de notre passage manqué dans le désert de Jaisalmer, nous tentons une sortie dans celui ( tout relatif ) des abords de Pushkar. Guère mieux ! Du moins aurons nous essayé de retrouver un semblant d'âme du Sahara. Snifff !
C'est aussi la période sacrée et il y a affluence autour de la pièce d'eau. Briefés sur les coutumes et respectueux de celles-ci, je me couvre les épaules, nous nous déchaussons et nous rendons sur les ghats afin de recevoir la bénédiction des moines en contre partie d'une offrande généreuse puis nous envisageons un tour du lac pied nus.
Là, rebelote ! Tout d'abord les "monks" nous harcèlent pour recevoir plus ( sans doute en fonction de notre faciès d'européens "argentés" ). Puis, en fin de parcours autour du lac, chaussures à la main, je m'aperçois d'une légère douleur au pied ( les abords du lac sont jonchés d'excréments et de divers déchets ). J'ai dû marcher sur un truc pas clair, alors je m'assoie sur une des marches afin de regarder. C'est alors qu'un autre moine fonce sur moi, hystérique et agressif. Mes chaussures toujours sur les genoux, j'avoue ne pas comprendre ce qui m'a valu cette attitude en total désaccord avec l'idée que tout un chacun se fait du "côté zen et spirituel" de la philosophie hindouiste. On nous aurait menti ?!?! Grrrr, décidément, peu importe la foi, pour nous c'est du bidon et de l'imposture. Dès lors que le flouze s'invite, les ciboulots se mettent en ébullition. Ça c'est dit !
A la limite, nous avons plus de respect pour les shãdus qui, eux, ont renoncés à la société, se sont libérés de l'illusion qu'elle propage, ne possèdent que très peu de choses, ont coupé tous liens familiaux, n'ont pas de toit, se déplacent continuellement sur toutes les routes de l'Inde et du Népal, ne comptant que sur les dons qui leurs sont fait. Si on analyse leur condition, Lionel et moi sommes plus proches de cette philosophie réellement non violente et détachée de la perversion du sentiment de propriété, hormis que nous pouvons compter sur nos revenus et que, malgré tout, nous avons encore le bas du dos couvert des quelques effets que nous trimbalons dans nos deux valises depuis 7 mois ahahahah !
Tous les soirs au coucher de soleil nous assistons au bal des cerfs-volants du haut du top-roof de notre hôtel. L'instant est magique. Des centaines de papillons de papiers s'envolent vers le ciel tels des messages de paix pour le bonheur des petits et des grands...et du nôtre. Instants pleins de poésie.
Vue d'ensemble de Pushkar
Ascension au Pap Mochani Temple
Ascension au Savitri Temple ( Ropeway)
Aux alentours de Pushkar
Puis l'appel de la route se fait de nouveau sentir. Notre prochaine destination : Jaipur, la ville rose et capitale de l'état du Rajasthan. Tout un programme et non des moindres.
Ça commence avec un bus de blédard que les chauffeurs ont squatté pour leur sieste et qui ont raté le réveil. De fait notre départ se fait avec quarante minutes de retard ( ce dont nous nous fichons pas mal ), le temps que ces messieurs fassent leur petite toilette dans le véhicule, se pomponnent et reprennent leurs esprits. Un peu soucieux quant à l'état du car, Lionel se lance dans une blagounette vaseuse : "Ma chérie, tu vas push car ?"
Rhooo le vilain !
Nous sommes les seuls clients à bord et sommes invités à rejoindre la triplette en cabine sur les premiers kilomètres histoire de fumer notre clope toutes portes ouvertes et d'échanger agréablement. L'ambiance est à la hauteur de la situation : délirante et pleine de franches rigolades. Les voyages forment la jeunesse et à ce rythme, elle nous sera éternelle !
Trajet en bus local jusqu'à Jaipur
Le bus se rempli finalement à chaque arrêt et on nous largue à Jaipur à 21h, en pleine avenue, valises jetées sur le tarmac au beau milieu d'une circulation effrayante, entre voitures, mobs, tracteurs, bus, vaches, piétons, charettes de marchands, camions et tuc-tucs, le tout dans un joyeux concert de klaxons . Du grand Mendes !
Notre arrivée à l'hôtel est épique. L'établissement est un taudis, la chambre insalubre et glaciale. Bref, c'est hôtel des courants d'air, des moisissures et de la crasse. Nous y restons tout de même une nuit, histoire de reprendre du poil de la bête.
Puis, dès l'aube, Lionel nous trouve, pour le même tarif, le paradis à 8 km du centre ville, dans un quartier ultra commerçant qui me rappelle mon Maroc. Le graal !
Depuis le temps que mon chéri me bassine avec ces grosses bébêtes, notre première visite à Jaipur est pour le Fort Amber et sa montée à dos d'éléphant. Tels la Maharani et son Maharaja, nous sautons à bord d'un palaquin ( clin d'oeil à toi, Sylvette ), confortablement installés à près de 3m au dessus du sol. Les impressionnants pachydermes sont, n'en déplaise à certains écolos attardés des villes, fort bien traités et les quelques 80 éléphants en rotation sur le site terminent leur service dès 11h le matin.
Au passage, des marchands qui avaient retenus notre provenance nous crient "Morocco, Morocco !". Déjà repérés hihihihi !
Du haut de la colline, la vue est magnifique et le château en lui même, tout autant. Nous sommes, le temps d'un couple d'heures, télé-portés au premier millénaire. Nous faisons également la connaissance d'une grand-maman indienne et de son fils qui, autour d'une collation à la cafétéria du fort après la visite, nous prodiguent de précieux renseignements concernant notre prochaine destination dont ils sont originaires. Une chose est certaine, les indiens sont profondément accueillants, certes un peu curieux, mais extrêmement bienveillants. Cette population est un trésor de gentillesse et d'humanité ( hormis qui vous savez ) !
Noël arrive ! Et comme on n'en a que faire, c'est à la table d'un restaurant du World Trade Park, mastodonte de verre et d'acier, que nous passons le déjeuner du 25 décembre. L'accueil est remarquable et la carte alléchante. La touche "Noël" est à mourrir de rire et les bonnets rouges et blancs ne semblent pas faire l'unanimité chez les employés, visiblement à des années lumière de cette tradition chrétienne.
Nous continuons nos visites dans ce labyrinthe qu'est le Jaipur historique. On se croirait revenu à Kech ! Tout est rose, speed, bruyant et bien que désignée capitale du Rajasthan, le côté "patacouët version indienne" est très prégnant. Comme chez nous dis !
Nous passons nos matinées dans ce brouhaha permanent, entre temples et Palais des vents, l'Albert Hall museum, l'observatoire astrologique Jantar Mantar ( autrefois atelier de Ghandi ), marché aux tissus, déplacements en Tuc-Tucs et parcs verdoyants à l'extérieur de la ville.
Bon...là je dois vous faire un aveu : je crois avoir fait un petit "syndrome de l'Inde" le premier jour à Jaipur ( phénomène non ressenti à Mumbai, paradoxalement ). Littéralement saoulée par le bruit et la foule, j'ai soudainement ressenti une immense fatigue et une petite perte de repères durant une demi-heure. Aucune angoisse mais la présence de Lionel m'aura aidé à m'extirper du centre ville sans trop de bobo.
Conclusion : voyager en duo est indispensable !
Ville de Jaipur
Observatoire Jantar Mantar
L'appel des grands espaces nous dirige naturellement vers la Monkey mountain ( vallée des temples ). Prenant le temps d'y monter à pied par un raccourci du centre ville, nous faisons de très belles rencontres et Lionel fait don d'un de ses pulls à un vieil homme assis sur le parapet. Touché de ce geste, il nous invite à partager le chapati que son épouse vient de faire cuire à même le pavé. Puis, chemin faisant, nous arrivons dans un décor de cinéma : la beauté et la quiétude qui règnent autour des temples implantés au fond du canyon et gardés par une armée de singes espiègles, sont à couper le souffle.
Toujours dans le registre "nature et grosses bestioles", nous optons pour un safari Léopards à 5mn de chez nous. Le souvenir du Sénégal où nous avons marché avec les lions nous hante encore, alors Yallah ! Malgré un froid de gueux ce petit matin, la carte postale est alléchante d'autant que ces gros chats seraient au nombre de 26 sur un territoire de 21 hectares. Ce serait donc bien le diable si nous passions à côté d'un spécimen !
Un seul, oui ! Un gros matou en pyjamas tacheté déjeune à cinquante mètres de notre jeep mais, hélas, il est impossible à immortaliser. Néanmoins, nos coeurs ont battus cette matinée là. Nous avouer vaincus ? Ce serait mal nous connaitre et nous planifions déjà une virée chez les tigres du Bengal au cours d'une de nos prochaines étapes....
Vidéo du Safari :
2022 carillonne sa fin, déjà. Cette année, depuis le Sénégal, nous aurons passé neufs mois sur douze en vadrouille et traversé sept pays différents. Pas un instant nous n'avons regretté notre décision, pas un instant nous ne nous sommes retournés sur le passé car notre présent parcours est le résultat de choix mûrement réfléchis.
"L'expérience, ce n'est pas ce qui arrive à un homme, c'est ce qu'un homme fait avec ce qui lui arrive..."
Feu d'artifice nouvel an 2023 :
Film Inde (partie 4) :
Pushkar - Jaipur
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Carte interactive :
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