Tahiti, nous y avons beaucoup appris !
- Caroline Raffin
- 19 mai 2024
- 16 min de lecture
Dernière mise à jour : 2 juin 2024

POLYNÉSIE FRANÇAISE

Nous arrivons exténués ! Non seulement il était temps pour nous de nous poser après 8 semaines de vadrouille, mais notre avion avait encore 8 heures de retard ce qui fait qu'en franchissant le dernier fuseau horaire de la planète, nous arrivons la veille au matin de notre départ pour un vol de seulement 4h30. Etrange sensation que de nous être perdus dans les couloirs du temps, à la façon de Sir Godefroy et son Jacquouille (la trogne en moins tout de même !).
Nous sommes accueillis à l'aéroport par une danseuse tahitienne et ses musiciens mais pas de colliers de fleurs comme pour les officiels qui débarquent en grande pompe.

Notre loueuse de voiture nous attend sagement à l'entrée et nous prenons possession d'un tombereau défoncé et puant mais dont le moteur et les freins semblent fonctionner parfaitement. A 20 euros seulement la journée, nous ne pouvions exiger mieux, il va sans dire !
Véronique est une femme adorable qui prend tout son temps pour nous faire une première visite quasi complète de la ville et nous donner moult tuyaux sur la vie polynésienne, les meilleurs prix pour se nourrir, les visites et spectacles les moins onéreux et les plus authentiques. Elle nous indique les rares plages de sable blanc à 20km alentours et les sites intimistes peu fréquentés mais tout aussi jolis que les grands spots touristiques. Bref, pas de temps perdu avec notre nouvelle amie et un joyeux moment partagé en sa compagnie.
En choisissant un territoire d'outre-mer, nous n'avons pas à nous soucier du visa et pouvons y rester plusieurs mois, en profitant de ce temps pour procéder à quelques paperasseries administratives (déclarations d'impôts, renouvellement d'assurance voyage etc...).
Nous envisagions également d'y faire refaire nos passeports mais avec les nouveaux enregistrements électroniques en ligne, les pages de nos documents ne se remplissent plus aussi vite. En effet, bon nombre de pays ne les tamponnent plus, ce qui fait qu'une demande de passeport grand-voyageur ne s'impose plus. Sachez tout de même qu'outre-mer, à 16 000 km, les papiers s'obtiennent en 4 à 5 semaines seulement et non 5 à 6 mois comme en métropole. Incompréhensible alors que toutes les demandes sont renvoyées par avion en France puis retournées dans la foulée. Va comprendre !
Débarqués pour minimum deux mois, nous nous immergeons pleinement dans la vie locale et discutons beaucoup avec les gens du cru.
La Polynésie est un territoire grand comme l'Europe qui comprend 118 îles disséminées en 5 archipels isolés au beau milieu de l'océan Pacifique.
Son histoire est jalonnée de conquêtes et de prises de possession par les occidentaux, d'essais nucléaires à répétition (196 en 30 ans) qui ont gravement atteint l'intégrité physique de la population, de problèmes économiques récurants et d'un taux de chômage record (surtout chez les jeunes gens) etc...
La Polynésie française en 2 mots...
Vidéo
L'HISTOIRE DE TAHITI :
Cependant, la plupart des polynésiens font preuve d'extrême gentillesse vis à vis du visiteur, sans doute dûe à une éducation religieuse très poussée dans la communauté. C'est le cas de notre logeuse, Aud, et de son son fils Heimanu.
Aud va tous les jours à la messe de bon matin et semble très impliquée dans la paroisse. Elle s'est très longtemps occupée d'enfants en difficulté qu'elle hébergeait sous son toit alors que les parents, désœuvrés, ne pouvaient subvenir à leur bien-être.
D'ailleurs, nous logeons dans une des chambres autrefois dédiées à l'accueil des enfants : onze mètres carrés, un lit, un frigo et une table. Néanmoins, nous disposons d'une terrasse à l'entrée du garage au fond duquel nous avons nos douche et toilettes partagées avec un autre couple de locataires locaux. Spartiate me direz-vous !
Aud continue d'aider autour d'elle. Ainsi, nous avons un va et vient incessant de voisins qui viennent soit faire le plein d'eau, soit profiter du réseau wifi ou encore faire des tournées de machines à laver.
CLIQUEZ SUR L'IMAGE
Pour sûr, ça nous change de la Nouvelle-Zélande où, à prix identique, nous logions dans de superbes et confortables maisons.
Présentement, nous faisons contre mauvaise fortune bon cœur !
Car oui, à Tahiti, tu ne trouves absolument rien en dessous de 80 euros pour un confort plus que douteux. Tout est horriblement cher !
Heimanu, lui, ne semble avoir trouvé qu'un petit boulot de 3h par soirée dans une roulotte à crêpes et passe le reste de son temps enfermé dans sa chambre à bouloter de la nourriture industrielle et à regarder des âneries sur Netflix. L'obésité est un véritable fléau dont souffre plus de la moitié de la population. Une désolation !
Nous sommes donc, dès notre arrivée, directement plongés dans la réalité de ce paradis bleu. Notre quartier étant, de surcroît, un des centres indépendantistes des îles de la société, nous allons en apprendre beaucoup !
On ne peut décemment pas passer par la Polynésie sans se faire tatouer...et les îles regorgent de talents mondialement reconnus en la matière. C'est donc naturellement que mon chéri franchit le pas. Nos deux années de voyage ayant fait de nous de véritables globe-trotters, il a déjà son idée !
Comme expliqué dans la symbolique polynésienne, le tatouage est le passeport de l'individu. Il indique son appartenance à un territoire, une tribu ou une famille. Il défini aussi le statut social de la personne.

Ci-dessus : Figurines dédiées à l'art du tatouage arborant des peignes en dents de cochon que l'on tapait sur la peau à l'aide d'un maillet."Tata u"en polynésien voulant dire "frapper", est devenu tatou puis tatouage.
Pour Lionel, le dessin est tout trouvé ! Il élabore lui-même le prototype qui représente son choix de vie et son identité puis le soumet au maître de l'art qu'il vient de choisir, Tana.
Ce professionnel est une vraie belle rencontre. Tour du mondiste lui-même en son temps, il excelle dans l'art du mini-tatouage aux détails très précis. Tana est bluffé par le projet que Lionel a conçu sur Photoshop en y incrustant sa propre silhouette. Notre tatoueur semble très enthousiaste ! Rares sont ses clients qui arrivent en sachant précisément ce qu'ils veulent.
La séance ne dure que deux heures puis mon chéri en ressort transporté !
Tana et lui ont beaucoup échangé pendant ce laps de temps et nous saurons plus tard que nos récits de voyages ont de nouveau piqué l'artiste qui envisage de repartir très bientôt en villégiature pour le Canada, en famille.
Nos journées s'étirent tranquillement au "Panier d'eau" ! (c'est le nom de Papeete en polynésien). Nous reprenons nos bonnes vieilles habitudes de pique-nique en bord de mer ou de nous offrir un bon restaurant sur le port, face aux yachts et aux paquebots de croisière surdimentionnés, encore plus hauts que les immeubles de la capitale .
Nous découvrons avec bonheur les plages de sable noir fréquentées par les locaux, nous nous perdons dans des chemins qui sillonnent au pied du volcan endormi. Nous allons même jusqu'à Teahupoo, le site où se déroulera bientôt la compétition olympique de surf.
Il y aurait été investi 4,4 millions d'euros pour la construction d'une nouvelle tour des juges (alors qu'il en existait déjà une qui ne nécessitait qu'une petite réfection), d'une deuxième passerelle de franchissement du ruisseau et d'un site de réception des sportifs et de leur staff. Les polynésiens ne semblent pas convaincus du bien fondé de ces dépenses dispendieuses et carrément en pétard après la destruction partielle du reef lors de l'édification de cette sacrée tour. En effet, selon les experts surfeurs, ce nouvel ouvrage aurait entraîné la modification de la grande vague, un comble !
En ce week-end de Pâques, j'assiste à la messe de préparation pendant que Aud préside à la chorale. Les chants tahitiens subliment l'office religieux et me tirent littéralement les larmes des yeux. les femmes sont toutes de blanc vêtues et couronnées de fleurs, les enfants gambadent dans les allées sous l'oeil bienveillant des grand-parents, tout sourire affiché ! L'atmosphère est joyeuse et la solennité légère, comme à Popenguine (Sénégal)...de quoi me réconcilier avec les bondieuseries (enfin...presque) !
Le show continue avec une soirée Heiva (danses et musiques tahitiennes) à l'Intercontinental de Papeete. Outre le décor somptueux, le dîner est royal mais nous n'avons pas assez de place pour faire honneur à toutes les spécialités culinaires. Ceci dit, le succès du buffet reste le poisson cru mariné au citron et lait de coco. Une merveille que je vais tenter de reproduire de nombreuses fois à la maison.

Car oui, notre mode de vie est redevenu plus relaxe et nous permet de cuisiner chaque jour, de faire notre marché le dimanche matin ou du shopping en centre ville pour notre réassort.
Nous constatons bien vite que l'agriculture a quasiment disparu au profit d'importations des USA et de Nouvelle-Zélande. Pourtant, il n'y a encore pas si longtemps, les îles produisaient fruits et légumes à foison et le petit élevage, certes insuffisant mais bien présent, contribuait à faire vivre certains locaux. La Polynésie n'est plus du tout autonome et encoure de très grands risques, ferrée par un système destructeur.
Un soir en étudiant la vie locale sur le Net, Lionel tombe sur une petite annonce de gardiennage de maison pour tout le mois de mai. J'y réponds aussitôt puis Carine et François nous invitent à passer les voir dès le lendemain sur les hauts de Mahina (quartier Nord de l'île, à 13km de la capitale).
Le deal est très vite conclu. Nous aurons donc à garder 3 ro'minets et une petite maison avec jardin et vue splendide sur la pointe Vénus durant 35 jours. Le plan d'enfer !
En attendant le plaisir de goûter aux joies de la vie sédentaire avec un vrai "chez nous", nous partons pour deux semaines de visite dans les îles et commençons par Huahine que nous rallions par la mer. En effet, le transport maritime est le seul moyen à peu près abordable dans la région, mais cependant tributaire des pannes régulières ou des carènes des navires annoncées au dernier moment. C'est ainsi qu'on se retrouve à devoir revenir en avion, fort heureusement sans avoir à régler de supplément de bagages.

Nous débarquons sous une pluie tropicale battante et sommes attendus par Vaiana, notre logeuse chez qui nous allons passer une semaine complète en famille.

Nous faisons la connaissance de son mari, Eric, et de leur petit garçon. La maison est moderne et nous sentons de suite un certain standing aux antipodes de notre ancien quartier populaire et de notre chambre dans le garage. Elle est institutrice en école primaire et lui ancien gendarme reconverti en cuisinier au lycée du Fare. Eric est adjoint au maire ce qui nous permet d'aborder bon nombre de sujets fort instructifs : les coutumes vs lois françaises et leur application, l'indépendantisme, le côté stupide et inadapté des programmes d'enseignement en totale déconnexion avec la réalité (nos ancêtres les gaulois enseignés aux petits polynésiens font bondir le couple). Sous la menace de sanctions et de corrections physiques, l'interdiction absolue de pratiquer la langue locale a duré des siècles. Les nouvelles générations d'instituteurs se battent pour rétablir cette injustice et Vaiana fait courageusement partie de cette cohorte de bonnes âmes.
Nous sentons chez tous ceux que nous croisons une lassitude pesante et un ennui bien réel malgré qu'ils aient autour d'eux tout pour être heureux. Nous passons de très longues soirée en terrasse à débattre, à rire et à écouter les récits du couple (et réciproquement) tout en nous délectant du fameux pain coco cuit à l'étouffée dans un four polynésien constitué de pierres volcaniques chauffées à même le sol. Leur petit garçon, qui a l'habitude de se prélasser durant des heures devant la télé, ne nous quitte plus et boit nos paroles de grands voyageurs. Nous écoutons Eric nous raconter ses anecdotes hilarantes d'ancien gendarme qui faisait passer les permis de conduire à bord de petits véhicules à benne frontale en pleine cocoteraie dans l'archipel des Tuamotu. J'ai failli m'étouffer de rire !!!
Des soirées à l'ancienne pleines de récits drôles et fabuleux. Un pur bonheur...
Eric nous loue son scooter pour seulement 2 500 CFP, carburant compris. Nous partons à la découverte de cette île intimiste regorgeant de beautés naturelles.
Le plus difficile étant de trouver une plage accessible, vamos a la playa quand même et en mode Daft Punk ! En faisant trois fois le tour du cailloux nous finissons par sélectionner 3 spots correspondant en tout point à nos attentes : peu fréquentés, plages de sable blanc, profondeur pour nager, surtout à marée basse, et corail pour satisfaire Lionel en snorkeling. J'avoue, nous sommes devenus "un peu beaucoup" exigeants !
Nos journées ne s'arrêtent pas qu'à la baignade, fort heureusement. Nous nous arrêtons taquiner les anguilles sacrées du Faie, découvrons les Maraes disséminés autour de l'île et prenons le bateau pour visiter une ferme perlière. Nous nous perdons dans les petits chemins où nous nous faisons attaquer par les moustiques et assistons à un spectacle de danses moins bling bling et plus authentique à l'hôtel voisin de notre logement et où nous faisons la rencontre d'un jeune canadien et d'une grecque fort sympathiques. .
La semaine est passée comme un éclair mais pas sans heurts !
En effet, alors que nous n'avons jamais rien ressenti de tel en plein quartier indépendantiste de Papeete (sans doute parce que nous nous y étions parfaitement intégrés), nous avons subit trois fois dans la même journée une certaine agressivité sur le port du Fare. Il ne nous a pas fallu bien longtemps pour comprendre le sentiment décomplexé anti-français d'une partie de la population. Comme dans tous les pays colonisés, l'exaspération des locaux ne se cache plus. Les temps ont changés et ils veulent être pleinement associés à leur destin et ne plus subir. A l'heure où je vous écris, la Nouvelle Calédonie s'embrase et la France n'a d'autre moyen que d'y envoyer l'armée et de mettre en place un pont aérien pour venir en aide à ses ressortissants. Et ma réflexion va beaucoup plus loin encore...aux vues de ce qui se trame politiquement en Europe. Verrons nous l'histoire s'inverser irrémédiablement ? Allons-nous enfin intégrer que depuis 5 siècles, le standing des européens ne tient que par ce qu'ils arrachent aux colonies ? Je ne parierais surtout rien sur le sujet mais une chose est certaine : partout la rébellion gronde. Les locaux en ont assez de voir tant d'argent circuler sous leur nez sans jamais en profiter.
île de Huahine
Nous embarquons à destination de Raiatea et sa petite sœur Tahaa, toutes deux implantées dans le même lagon. Le vent est fort et le ciel menaçant : la traversée de 45 minutes est plutôt rockn'roll !
Mais nous avons la chance d'avoir un groupe de musiciens à bord dont la prestation dévie notablement l'attention des passagers et contribue ainsi à la sérénité du voyage. Au final, personne n'est malade.


L'île de Raiatea est, comme toutes les autres sous le vent, dépourvue de plages, exceptée celle du port qui n'est autre qu'une ancienne rade réhabilitée en piscine naturelle. En outre, elle possède l'un des plus beaux lagons de l'archipel...et ce n'est pas une fable.
Après avoir récupéré notre voiture de location, nous nous installons dans notre nouveau nid, un studio génial sur les hauteurs avec vue sur Tahaa et l'aéroport. Nous sommes aux premières loges pour voir les avions atterrir et décoller.
L'activité baignade étant sévèrement restreinte, nous organisons nos journées différemment entre farniente au loft, balades en voiture autour de l'île, visite du Marae de Taputapuātea, (le plus vaste du territoire et accessoirement berceau de la civilisation polynésienne) et kayaking en rivière. Nous rencontrons également un très jeune couple de globe-trotters arrivés tout droit de Nouvelle-Zélande où ils viennent de passer un an et demi en permis travail/vacances.
Nous prenons ce jour là Nolwen et Enzo en stop et leurs personnalités matchent de suite avec les nôtres. Ils sont adorables et leur expérience est très intéressante.
Nous passons la semaine ensemble à vadrouiller autour du caillou, à nous baigner dans les ports, à philosopher et faisons même la sortie snorkeling ensemble autour de Tahaa.
Nous passons une journée magique avec une équipe de bord extraordinaire !
Avant de plonger dans le grand bleu, notre cap'tain, Ragi, fait une halte dans une ferme de vanille dont nous découvrons la culture, sa transformation et sa commercialisation. Puis le moment tant attendu arrive enfin.
Nous jetons l'ancre dans une eau d'un bleu de carte postale à quelques mètres d'un jardin de corail. Le temps que j'enfile mon masque, Lionel et nos deux amis sont déjà à la baille à batifoler au milieu des raies, des requins à pointes noirs et des milliers de poissons de toutes les couleurs jouant à cache-cache dans les coraux.
Pour la froussarde que je suis, c'est un défi de taille mais, finalement, le Beau va me faire oublier toutes mes phobies et me plonger dans ce monde merveilleux du silence !
Avant le déjeuner, nous découvrons Tahaa par la côte, ses villages paisibles et discrets, ses églises les pieds dans l'eau et ses anses verdoyantes. Sensible aux couleurs, je ne peux détacher mon regard de ce décor incroyable. Les contrastes sur le lagon me laissent sans voix.
Finalement, Ragi nous fait accoster sur un joli motu où nous attendent les propriétaires qui nous ont préparé le repas. Nous avons privatisé les lieux ; quel luxe !
Cette joyeuse journée nous a tous enchantés mais le temps des adieux avec nos jeunes amis est venu. Sans doute ne nous reverrons nous jamais, mais nous garderons de Nolwen et Enzo un souvenir ému. Nous leur souhaitons un bon retour vers la métropole où une autre vie s'offre à eux. Pour notre part, nous reprenons l'avion vers Papeete où notre nouvelle mission nous attend.

Nous arrivons chez Carine et François 3 jours avant leur départ afin de procéder à une passation de pouvoir en bonne et due forme.
Les deux hommes se chargent des détails extérieurs (jardin et sécurité). Quant à Carine et moi, nous voyons ensemble le côté popote, animaux et entretien de la maisonnée.
Je découvre par la même les cultures personnelles de madame, plantes vertes fragiles et précieuses qu'elle s'apprête à faire garder par un copain de son fils. C'est l'hilarité à la maison ! Ceci dit, ils avaient de suite calculé notre ouverture d'esprit et ne se souciaient pas le moins du monde de nos réactions. C'est ainsi que la veille de leur départ, le pote débarque en famille pour un"apéro-chichon-pizza"avant de récupérer le chargement.
A mourrir de rire !
Sans m'imposer, je laisse les minets prendre leurs marques avec moi. De prime abord craintifs, ils découvrent vite que je suis en charge de la gamelle et m'acceptent donc rapidement. Yallah, nous sommes tous prêts pour 35 jours de cohabitation pour les uns et de vacances bien méritées pour les autres.
Nous accompagnons François à son voilier avec lequel il va rallier Huahine dans la nuit, puis Carine à l'aéroport, duquel elle rejoint son mari pour le début de leur tour des îles.
Ainsi commence pour nous une vie douce et tranquille au milieu des chats et des oiseaux, dans un écrin de verdure, face à l'océan.
Il y avait bien longtemps que nous n'avions pas connu le train train quotidien, nos courses au Super U de Mahina, notre marché de Papeete le dimanche dès 6h du mat, l'entretien d'une maison et le jardinage, nos demi-journées plage, les pages d'écriture et l'étude de notre prochain parcours.
Une fois par semaine nous faisons le plein des spécialités culinaires locales comme le mapé (châtaignes polynésiennes), le thon frais, le mahi-mahi que je cuisine en filets ou le poulet fafa. Je remets le nez dans les recettes, nous nous levons tôt pour profiter de la fraîcheur ambiante, nous allons marcher en montagne et nous faisons le plein d'énergie !
La polynésie ce n'est pas que du bleu... mais du vert aussi !
Nous nous offrons une journée complète à bord d'un 4X4 pour une virée dans le ventre de l'ancien volcan. Nous partons très tôt accompagnés de deux autres couples de français, charmants. Bien entendu, ils nous demandent notre provenance et notre parcours. Le sujet de la métropole s'invite naturellement dans la conversation et soudain, ils nous disent tous en cœur :
"Surtout, n'y retournez pas. Ce n'est pas le moment !"
On ne peut pas dire que ceci nous ait choqué, loin de là...puisque telle n'est pas notre intention. En revanche, ce sont les premiers métros rencontrés à parler de la sorte.
Bref, la description qu'il font de notre pays de naissance est loin de nous réconcilier avec. En plus de subir, sans doute lisent-ils les mêmes canaux d'informations que nous... !
Nous passons une journée extraordinaire à la découverte de paysages somptueux, très accidentés et littéralement noyés dans la forêt humide d'où coulent cascades vertigineuses et rivières abondantes. Il est dit que Tahiti ne manquera jamais d'eau car elle est constamment alimentée par les pluies tropicales, d'où le nom de sa capitale : "Papee Te" ou "panier d'eau".

Avec l'accord de nos propriétaires, nous laissons nos fauves seuls pour 36h et nous offrons une virée sur Moorea. C'eut été dommage de ne pas la visiter alors qu'elle ne se trouve qu'à une trentaine de kilomètres de Tahiti.
Nous embarquons donc sur le bateau de 6h10 du mat et chargeons également notre "Cadillac" donc les deux poignées intérieures nous sont restées dans les mains et le coffre ne s'ouvre plus depuis le deuxième jour. A la guerre comme à la guerre !!!
En sortant de la rade, nous remarquons un énorme bateau qui ne semble être ni un navire civil, ni militaire. Après informations collectées auprès de la presse locale (article ci-dessous), il s'agit d'un navire scientifique chinois en rétention et dont les 300 personnels à bord sont interdits de débarquer. Avec les rumeurs de déstabilisation étrangère qui planent sur le sujet calédonien, cela pourrait effectivement expliquer la présence du bâtiment dans les eaux territoriales. Affaire à suivre...

La traversée est idyllique ! Nous nous croyons dans un remake du film "Il était une fois dans l'oued", lorsque les protagonistes font la traversée en ferry de Marseille à Alger. Le lever de soleil est merveilleux et le vent caresse nos cheveux. Il fait très doux et nous nous imaginons déjà sur les plages de Moorea et à snorkeler dans ses jardins de corail.
La chute est plutôt désagréable ! Exception faite de 3 plages miraculeusement restées publiques, toutes les autres sont sous clef, privatisées par les grands hôtels qui en font payer l'accès et qui bloquent même les visites sous-marines dont ils se sont gardés l'exclusivité... sauf à valoir que tu arrives de très loin avec ton kayak de mer.
Nous pensions pouvoir au moins prendre un verre au bar de l'établissement "les Tipaniers" et y déjeuner afin de bénéficier du littoral paradisiaque... Ben non ! Ça aussi c'est inaccessible aux visiteurs extérieurs si tu n'as pas réservé minimum 24h à l'avance. Honteux !
C'est toujours la même chose. Ces destinations sont réservées à une caste, un tourisme de petites cases "all inclusive". Bien heureux que nous sommes de ne pas avoir pu rejoindre Bora et Maupiti. Nous y aurions laissé nos économies et notre sang froid !
Déçus, notre séjour est vite bâclé. Le tour de l'île se faisant en 3 ou 4h nous n'avons plus qu'à faire un détour par la plaine des ananas avant de rejoindre notre logement chez Marie, un joli fare (maison polynésienne) dans un quartier populaire à l'Est de l'île.
Nous décidons d'avancer notre retour après une superbe baignade au bout de la plage publique proche du Sofitel. Le vent est enfin tombé, le lagon est paisible et peu fréquenté en cette belle matinée ensoleillée. Une raie vient même nous chatouiller les pieds juste avant que nous ne sortions de l'eau. Un petit miracle de la nature !
Nous nous offrons une grillade à la roulotte pour 3 000 CFP (24 euros pour 2 ) puis nous reprenons le bateau de 13h30.
Notre mission de gardiennage se passe si bien que nous décidons de nous inscrire sur un site international dit de "house-sitting vérifié". Ainsi, nous pourrons allier repos occasionnel et économies substantielles sur notre budget voyage. Il existe certainement des contraintes et, me direz-vous " tout dépend des exigences des propriétaires" sur lesquels on tombe.
Cependant, le deal est bon pour les deux parties : un hébergement gratuit en contrepartie d'une surveillance assurée par un couple responsable !
Affolés par les tarifs pratiqués dans l'archipel des Tuamotu, nous laissons tomber le projet, définitivement. Il n'y a aucun logement en dessous de 170 euros, les sorties sont facturées 100 euros à minima et par personne, la moindre location de scooter ou de vélo varie de 40 à 70 euros la journée et on ne parle même pas du transport inter-îles qui ne se fait qu'en avion (même pour 30 km). Nous en aurions eu pour plus de 2 500 euros pour dix jours.
Nous avons donc choisi les Fidji pour prochaine destination, toutes aussi jolies et beaucoup plus raisonnables financièrement.
En conclusion :
Si l'on souhaite pleinement profiter des beautés lagunaires qu'elle recèle, la Polynésie française se visite préférablement d'atoll en atoll, d'archipel en archipel, en voilier indépendant tel que pratiqué actuellement par François et Carine. L'autre option est le Resort all inclusive choisi par la majorité des touristes à très fort pouvoir d'achat.
Le mode croisière est aussi intéressant, par exemple avec le Paul Gauguin qui fait les 5 archipels.
Pour notre part, nous regrettons un peu d'avoir choisi cette destination verrouillée pour les nomades conscients que nous sommes. Cependant, nous y avons beaucoup appris.
A bientôt les amis.
Nos aventures continuent encore et encore, c'est que le début d'accord, d'accord ;-)))
Prenez soin de vous.
Les Carolios du Pacifique !
ALBUM PHOTOS
Cliquez sur l'image
VIDÉO :
POLYNÉSIE FRANÇAISE
Comments